13 Octobre 2013
PHOTOS BMC
(Communément appelée: chasse à courre.)
Photo BMC
Oui je sais, je vais en faire hurler plus d'un. Je vous vois déjà venir, montés sur vos grands chevaux pour m'accueillir à cor et à cri.
Je précise, pour ceux qui ne me connaissent pas, les autres n'ont pas besoin de ces détails.
Que ce soit bien clair:
1/ Je n'aime pas la chasse en général.
2/ J'adore les animaux.
Si vous voulez bien lire cet article, alors probablement beaucoup d'idées reçues partiront en fumée.
Tout d'abord je précise que la chasse dont je vais parler concerne uniquement le cerf, ou le sanglier.
Celle que je décris est une chasse au cerf.
Mais avant tout je voudrais donner quelques précisions:
On entend généralement dire" cette pauvre bête n'a aucune chance de s'en tirer" c'est faux. Savez-vous que l'on prend en moyenne un animal sur cinq chasses.
Parmi les images qui ridiculisent la chasse à courre, on entend souvent parler de la biche aux abois, certains diront l'avoir vu pleurer. Je vous jure que je n'exagère pas. Tout cela mérite une explication : tout d'abord il faut savoir que l'on ne chasse qu'un animal (choisi, je vous expliquerai comment) mais JAMAIS les biches, qu'il est donc impossible qu'elle soit aux abois (encerclée par les chiens), que si certains ont vu des larmes sous l'œil d'un cerf il n'y a rien de plus normal, en effet à cet endroit se situe une glande qui va permettre à l'animal de laisser son empreinte.
Dans beaucoup de documentaires animaliers, vous avez certainement vu le cerf frotter le fameux larmier (c'est son nom) sur les troncs des arbres, c'est simplement pour marquer son territoire.
La chasse à courre n'a pas été inventée par les hommes, mais par les chiens. Les chiens se sentant impuissant face à un cerf ou un sanglier se regroupaient en meute pour chasser.
Maintenant, je vais vous décrire le plus objectivement possible le déroulement d'une chasse.
En fait la chasse commence le matin de très bonne heure.
1/ "Faire le bois" : la quête de l'animal.
Deux ou trois personnes (non-fumeurs), les valets de limier, parfois ce sera les piqueux eux-mêmes, partiront avant l'aube dans différentes directions, accompagné chacun d'un chien "fin de nez". Généralement ce sera un vieux chien dressé à être "secret" pour ne pas "récrier" lorsqu'il verra le cerf.
Le rôle du valet de limier est d'avoir la connaissance la plus précise de l'animal, mais ni lui, ni le chien, ne doivent se faire repérer. Sans bruit, et tenant compte de la direction du vent, il redoublera de précaution. Très souvent il ne verra pas l'animal, mais seulement son empreinte le "vol-ce-l'est" (à l'origine, parlant du cerf : vois ce l'est).
D'après son empreinte, en tenant compte de différents éléments, l'écartement entre deux traces, la façon dont le pied sera enfoncé et encore d'autres critères, par exemple "la brisée" (la façon dont le cerf va "casser" les branches sur son passage), il est capable de déterminer le sexe, l'âge de l'animal et d'en faire une description précise.
2/ Le rendez-vous.
Il a généralement lieu, à un carrefour de la forêt, un endroit accessible de façon à pouvoir garer facilement les remorques destinées aux chevaux, et aussi les véhicules des suiveurs.
L'heure du rendez-vous peut varier en fonction de la saison. Il se situe en général entre dix et onze heures du matin.
D'abord il y a l'arrivée de la meute, suivie des membres de l'équipage, les "boutons". Tout membre de l'équipage est qualifié de "bouton", en souvenir du jour où il a été admis, et où il a reçu un bouton en or à l'effigie de l'équipage.
Ensuite les valets de limiers vont se ranger face au maître d'équipage et à l'invité. Cape à la main ils feront leur rapport, en donnant le maximum de détails sur leur quête du matin. C'est en utilisant le langage très imagé de la vénerie qu'ils feront ce rapport. Par exemple:" j'ai connaissance d'un dix cors jeunement faisant tête sur " (ici un lieu dit) etc.…
Le maître d'équipage, seul, va décider de l'animal à attaquer. Après quoi il donne quelques recommandations aux membres de l'équipage, concernant l'attaque, mais aussi aux suiveurs. Par exemple, si la chasse devait se diriger vers un village, une route à grande circulation, ou un endroit dangereux pour une quelconque raison, on abandonnera immédiatement.
Maintenant tout est prêt pour l'attaque.
3/L'attaque.
C'est ici que tout l'art du veneur va être mis à contribution. À partir de maintenant il y a plusieurs hypothèses possibles.
Soit le cerf est à "la reposée" c'est-à-dire couché, il va être très facile de le faire lever. N'oubliez jamais que la chasse est faite par les chiens.
Le cerf peut se trouver "enharder", cela veut dire qu'il n'est pas seul, qu'avec lui se trouvent des biches, des daguets (jeunes cerfs), peut être d'autres cerfs.
Il va falloir maintenant séparer le cerf de la harde. Le rôle des veneurs, en général les piqueux (ils sont deux) va être difficile, ils vont devoir maintenir la meute regroupée, certains jeunes chiens ayant tendance à vouloir chasser seuls.
4 / Les ruses du cerf.
Si le cerf est "enhardé", il aura très vite compris que c'est bien lui qu'on chasse, aussi va-t-il sans scrupules pousser un jeune daguet (voir un hère, ou une biche) dans une direction opposée à la harde, afin de tromper les chiens. Lorsque les veneurs s'en aperçoivent, ils doivent ramener les chiens sur la voie initiale. Inutile de dire que le cerf chassé est déjà loin.
Un article entier ne suffirait pas à recenser toutes ses astuces. Il peut faire un "hourvari", cela veut dire que s'il a pris suffisamment d'avance sur les chiens, il va sauter sur un côté, (Un cerf peut sauter 15 mètres en longueur) pour repartir dans la direction opposée; arrivés à l'endroit où il a effectué ce saut les chiens sont mis en défaut, tournent jusqu'à ce qu'ils soient remis sur la voie.
Dans ce cas comme pour chaque épisode de la chasse, les veneurs sonnent le hourvari. Parfois la chasse s'arrête ici.
Autre ruse. Le cerf a sur les jambes arrière, ce que l'on appelle "la brosse". Légèrement au-dessus du sabot, on peut voir quelques poils hérissés, d'où le nom de brosse. Là encore cela va lui permettre (grâce à une glande odoriférante) de laisser son odeur pour permettre aux jeunes, hères, et biches de retrouver leur chemin. Malheureusement cela va aider les chiens à le suivre, aussi dès qu'il peut trouver un ru, il va le suivre; dans l'eau, il ne laissera pas d'odeur et va à nouveau mettre les chiens en défaut.
Le cerf "ira au marais". Dans un marais, les chiens perdent son odeur, les veneurs ont souvent du mal à le trouver, l'endroit de sa cache est souvent inaccessible, même pour de très bons cavaliers.
À ce moment, il a toutes les chances de ne pas être pris.
Tout au long de la chasse, différentes sonneries tiendront informés les suiveurs. Cela ira du "bien aller", à "la Rosalie" que l'on sonne si on abandonne la chasse.
À suivre si vous le voulez bien. ☞
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