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L'art de ne pas se faire estamper (4)

 



 
La gravure au XX siècle
 
 
Dès le début du siècle, nous assistons à l’essor de la bande dessinée. Avec en particulier Bécassine qui apparaît dès 1905, elle sera bientôt rejointe par d’autres :« Les pieds nickelés »,« Zig et Puce », « Félix le Chat » et tous les héros de Walt Disney « Mickey » <<Tarzan » « Popeye » etc.
L’avènement de la bande dessinée va accentuer ce besoin d’images qui apparaît aussi bien dans les journaux que sur les murs avec l’affiche qui est de plus en plus anecdotique et où l’illustration devient indispensable.
Les amateurs d’art ont été quelque peu échaudés par le «trop plein » de gravures de ses dernières années. Gravures quasi-industrielles destinées à faire connaître les peintures académiques du Salon, œuvres sans goût et sans saveur que fuiront tous les vrais connaisseurs.
Heureusement pour nous, il y aura quelques rares marchands et en même temps éditeurs qui vont faire preuve de clairvoyance et éditeront des gravures d’artistes à un moment où plus personne n’y croit. Encore une fois ce seront les mêmes noms qui reviennent : Ambroise Vollard et Henri Kahnweiler. Ce dernier va éditer la célèbre série des saltimbanques de Picasso (1905). À eux deux, ils vont « récupérer » tous les très bons peintres-graveurs qui, il faut bien le dire, n’intéressent pas grand monde. Parmi eux on citera les noms (entre autres) de : Jacques Villon Juan Gris, Marcoussis, Georges Braque.
 
Dans le domaine de l’estampe au XX˚ siècle, il convient de faire une place toute particulière à Jacques Villon, qui comme chacun le sait était le frère de Marcel Duchamp et du sculpteur Raymond Duchamp-Villon. Durant toute sa vie, il va non seulement graver mais aussi améliorer la technique, c’est lui qui exécutera de nombreuses estampes pour la chalcothèque du musée du Louvre dont nous aurons l’occasion de reparler. Pour la petite histoire, c’est Jacques Villon qui disait : « En peinture, ce qui est difficile ce sont les quarante premières années »
 
Un autre artiste qui me paraît très important dans le domaine de l’estampe est James Ensor. Artiste malheureusement reconnu bien trop tard et si, à la fin de sa vie, on va le qualifier de « prince des peintres » durant toute celle-ci il sera la risée du public ; il faut vous dire que le noble anarchique y était pour quelque chose. Homme révolté probablement, mais sans doute avait-il ses raisons.
 
De nombreux peintres expressionnistes vont s’adonner à l’estampe : Oskar Kokoschka, Emile Nolde, Ernst Ludwig Kirchner. En Angleterre, Stanley William Hayter fonde l’atelier 17 qui permettra à de nombreux artistes de pratiquer toutes les techniques.
 
En 1918 Georges Rouault, à la demande d’Ambroise Vollard, commence une série de dessins qui va servir de base pour une suite de 58 estampes en noir et blanc intitulées : « miserere ». Les tirages seront terminés en 1927. Voici ce qu’écrit Georges Rouault : « Sur chaque planche, avec plus ou moins de bonheur, sans cesse ni arrêt, j’ai travaillé avec différents outils :il n’y a là aucun secret .Insatisfait, Je reprenais le sujet indéfiniment, réalisant jusqu’à douze ou quinze états successifs ; j’aurais voulu que tout soit de même qualité.J’avoue même que je m’y étais attaché et que je ne fus pas du tout insensible à la demande d’un ambassadeur des Etats-Unis qui voulait passer à l’or certains de ces cuivres et les faire incruster dans les murs de l’ambassade » (Miserere Edition Le Léopard d’or - Paris 1991)  Les gravures furent éditées en 1927. Ambroise Vollard fit rayer les plaques afin d’éviter une réédition sauvage.
Par la suite le désormais célèbre marchand demandera à Marc Chagall de réaliser une suite d’estampes pour illustrer la bible.
Ambroise Vollard sera aussi l’éditeur de Picasso. Il édita de nombreuses séries, entre autres les minotaures.
Durant la deuxième guerre mondiale, la production d’estampes va diminuer. il faudra attendre les années 60 pour qu’il y ait un regain de faveur. il faut dire que le prix des peintures ayant considérablement augmenté, les amateurs allaient se tourner vers l’estampe.
 
À la même période, les conditions concernant les gravures d’art sont définies avec beaucoup plus de précision, nombre de tirages, épreuve d’artistes, les marchands sont  beaucoup plus responsabilisés. Si vous achetez une estampe, vous n’êtes plus obligés de vous « faire estamper. » Bien entendu il est relativement facile de faire de fausses gravures, mais vu le risque encouru aucun marchand sérieux ne s’aventurera à le prendre.
Si aujourd’hui vous vous décidez pour l’achat d’une gravure adressez-vous au représentant officiel de l’artiste plutôt qu’à tout autre. Vous ne payerez pas plus cher. 
 
Avec le renouveau de l’estampe, les prix vont flamber : Méfiez-vous des ventes sur le net. Vous trouverez aussi bien des œuvres originales tout à fait intéressantes que des leurres. Dans mon prochain article, je vous parlerai, si vous le voulez bien,   de tout ce qui permet de reconnaître une vraie d’une fausse estampe.
 
 
 
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À suivre…  Si vous le voulez bien
 
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