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Georges Rouault 1871/ 1958 (Deuxième partie)



             (2° partie)


À compter de maintenant la recherche picturale de Rouault va aller de paire avec sa quête spirituelle. Qu’il peigne la misère, ou des scènes religieuses c’est le même combat, celui de l’homme prisonnier de sa condition humaine. Personnellement je ne vois pas de différence d’intensité entre la figure dramatique d’un clown blanc et celui d’un Christ aux outrages (que le Bon Dieu, s’il existe, me pardonne).

Rouault peint de plus en plus, souvent mélangeant les techniques, l’aquarelle et la gouache avec la peinture à l’huile. Il écrit : “Je subis alors une crise des plus violentes. Et je me suis  mis à faire une peinture d’un lyrisme outrageant et qui déconcertait tout le monde.”


En 1902 Georges Rouault est nommé conservateur du Musée Gustave Moreau, ce qui lui permet d’avoir des appointements qui lui donne une certaine sécurité matérielle.

Au fur et à mesure de son évolution picturale il pratique de plus en plus la technique de « L’huile », mais aussi la céramique, et beaucoup la gravure, qui  va devenir très importante pour lui, avec les célèbres estampes du Miserere.


Comme beaucoup de peintres Georges Rouault fait scandale, il reçoit des lettres d’injures.

Rouault améliore petit à petit sa technique, de plus en plus il utilise l’huile au détriment de ses techniques mixtes. Il « encroute » ses œuvres, je veux dire que la peinture se superposant a elle-même finit par créer des épaisseurs toujours plus importantes, certains de ses tableaux ressemblent à des bas-reliefs ; parfois il ira même jusqu’à peindre le cadre en même temps que la toile.

En 1912, survient la mort de son père, c’est à ce moment-là que Rouault va commencer une série de dessins qui serviront de base à ses célèbres gravures du Miserere.

Le Miserere.

Il s’agit d’une série de 58 estampes de grandes dimensions, chaque planche est accompagnée d’une légende, l’ensemble réuni en un ouvrage de 21 kilos. Georges Rouault va utiliser des techniques très particulières utilisant des outils les plus hétéroclites.
 Miserere sera certainement « Le Chef d’Œuvre » de Rouault. Dans cet ouvrage transparaît à la fois l’horreur de la guerre associée aux souffrances de Jésus. Le livre sera édité en 1948 peu de temps après la seconde guerre mondiale, il prendra ainsi toute sa valeur. Dès la fin du tirage Georges Rouault fera rayer l’ensemble des plaques de cuivre afin qu‘il ne puisse pas y avoir de « tirage sauvage ».

Si vous le voulez bien retournons en arrière : En 1917, l’illustre marchand Ambroise Vollard (vous savez bien, celui qui dormait tout le temps) propose à Rouault de lui acheter l’ensemble de son atelier, ce qui représente 770 œuvres. Rouault accepte à condition de pouvoir terminer les toiles qu’il estime inachevées.
Avec Vollard, Rouault va réaliser de très nombreuses illustrations pour des éditions de luxe : « Réincarnation du père Ubu », » « les fleurs du mal », etc. Rouault travaille sans relâche sur ses gravures, revenant sans cesse sur les mêmes épreuves.

De 1917 à 1926, Rouault s’adonne presque exclusivement à la gravure.

Rouault va maintenant se consacrer à faire évoluer sa technique à l’huile, il peint lentement, travaillant sur plusieurs tableaux en même temps, considérant que l’œuvre n’est jamais finie. Comme l’écrira plus tard Bonnard "Le terrible en art c’est de savoir s’arrêter".

Arrivé à la soixantaine Georges Rouault est enfin mondialement reconnu, matériellement il ne connaît plus de difficultés, mais le destin en a décidé autrement

Le procès.



En 1939, Ambroise Vollard meurt accidentellement. C’est maintenant à ces héritiers qu’aura affaire Rouault.
On s’en souvient  le peintre avait laissé sous contrat 770 tableaux à Ambroise Vollard à condition de pouvoir les terminer. Pour les héritiers, les choses sont très clair ils se trouvent en possession de tableaux de Rouault, un point c’est tout.
Le peintre va entamer un procès qui durera  huit ans.
Enfin en 1947 la justice donne raison au peintre. Les Héritiers doivent rendre l’ensemble des tableaux.

Georges Rouault qui a maintenant 77 ans considère qu’il n’aura pas le temps de finir ses tableaux. Il brûle 300 œuvres qu’il considère comme non terminé. A l’époque cela représentait une somme d’environ un demi milliard de francs.  (imaginez aujourd’hui !)

Georges Rouault nous a quitté en 1958.

Je tiens ici à rendre un hommage tout particulier à Isabelle Rouault qui  a su faire respecter la mémoire de son père.

On peut voir un grand nombre de tableaux de Rouault exposés en permanence au Centre Georges Pompidou à Paris.

A l’église d’Assy, dont je vous parlerai probablement un de ces jours, on peut y voir un très beau vitrail.

  Lien images

Fondation Georges Rouault


FIN


Georges Rouault 1871/1958 - (Première partie)




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