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par
BMC
B.M.C. de la série "mes naissances"La série “Mes naissances”. Ces tableaux sont bien inspirés par un souvenir : souvenir de naissance. C’est difficile à croire et pourtant, il est bien là – souvenir de souffrance – plus que probablement partagé avec ma mère…
Sur le moment, je ne m’en rendais pas compte. Où avais-je la tête ?
Souvenir de la toile de Jouy qui habillait le lit.
Je vous parle d’un temps où on naissait à la maison, dans le lit conjugal.
Je n’entrerai pas dans les détails, la lumière, le bruit (je ne supporte toujours pas le bruit), sang, pipi et peut-être caca mélangés… Désolé, ça arrive, paraît-il.
Et alors, il y a eu les forceps. Je ne vous en dirai pas plus, voici les photos :
No comment.
Depuis ce temps, je n’ai jamais supporté de voir un animal mettre bas, même les chattes, que j’aime tant. Et dire que j’aurais aimé être chirurgien…
J’ai hurlé. J’ai dit aussi fort que je pouvais que je n’avais rien à faire ici ; on ne m’a pas laissé le choix, ou on ne m’a pas cru.
Comme de crier, ça ne servait visiblement à rien, je me suis tu jusqu’à l’âge de deux ans. On pensait que je parlerais jamais. Je ne disais rien. Je ne pleurais pas (plus tard, j’appris que les grandes personnes ont le droit de pleurer, à condition de ne pas trop le montrer, surtout les mecs).
A peine étais-je né, que je fus porté sur les fonds bâptismaux. Il ne fallait pas que je meure avant. Je me serais, paraît-il retrouvé dans les limbes, cette espèce de no man’s land , ce lieu bizarre où on n’a pas droit à l’enfer et encore moins au paradis, ce lieu où l’éternité n’en finit pas de finir.
Plus tard (il aura fallu bien des années), ma peinture m’aura aidé à exorciser cette souffrance. Elle fut plus efficace que n’aurait pu l’être une analyse. Elle fut comme une initiation : c’est vrai, ce qui s’apprend par la douleur ne s’oublie pas et je vous promets que cette vie, je m’en souviendrai éternellement…
La mort, au moins, on a le temps de s’y préparer, de l’accepter, on sait qu’il n’y a pas le choix. Une infirmière a dit, au moment de mourir : “Pardonnez-moi si je meurs mal, mais je n’ai pas l’habitude”. Je suis d’accord, mais il nous est possible d’y penser avant. Tandis que la naissance…
Si les forceps sont allés me chercher, c’est le poing en avant que je suis venu au monde. Et si aujourd’hui, certain S… prétend qu’il faut chercher les délinquants à la maternelle, il n’a rien compris : c’est dans les maternités qu’il faut aller !
B.M.C. " La liberté au bout du chemin"
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